Notre ami Sébastien Lapaque, écrivain, essayiste, romancier et journaliste nous fait part une fois de plus de son attachement à l’Amérique du Sud et nous fait parvenir un article à l’occasion de la reédition de Uruguay de Jules Supervielle
«Je suis un Basque, un Béarnais / Un mâtiné d’Uruguayen / C’est le pays où je suis né», écrit Jules Supervielle (1884-1960) dans sa Prière à l’inconnue. Trois poètes français partagèrent ainsi leurs attaches entre le piémont des Pyrénées, d’où leurs parents étaient partis, et Montevideo, où ils étaient nés. Lautréamont, Jules Laforgue, et Jules Supervielle, qu’on redécouvre aujourd’hui grâce à deux livres qui figurent les deux extrémités entre lesquelles s´organisa sa vie. Les Pyrénées (Editions le Festin) reprend les textes de Boire à la source dédiés à Saint-Jean-Pied-de-Port et Oloron, berceaux de la famille du poète : «J´aime les petites villes qui ont conservé la mémoire du temps où elles n’étaient que de la campagne.»
Longtemps introuvable, Uruguay célèbre le «beau triangle de terre» de la «Banda oriental», ses ciels purs, ses automnes, ses maisons peintes de couleurs claires, ses ibis roses, ses tatous timides, ses fiers gauchos, ses pampas sans fin. C’est un herbier des enchantements perdus qui se lit comme une carte postale ancienne.
Il évoque un monde farouche et beau qui n´existe plus. «Depuis lors, le temps a bien usé et fait pâlir la couleur locale à Montevideo. Un peu partout on a construit des immeubles de cinq étages et on trouve même des gratte-ciel». Supervielle a follement aimé la Republica Oriental del Uruguay. Il n’a eu de cesse d’y retourner tout au long de sa vie. En langue française, il en est resté le seul poète.
Sébastien Lapaque
Uruguay, Jules Supervielle, éditions des Équateurs, 92 p.
Biographie de Jules Supervielle
Jules Supervielle est né le 16/01/1884 à Montevideo. Issu d’un père béarnais et d’une mère d’origine basque, ils s’étaient expatriés pour fonder une banque. Il arriva à Oloron Ste Marie à l’à¢ge de huit mois où ses parents moururent à cause d’une eau corrompue. Il est alors élevé par sa grand-mère puis par son oncle et sa tante en Amérique du Sud où il connaît une enfance heureuse.
En 1894, il suit des études au lycée Janson de Sailly en France et écrit ses premiers poèmes en 1889. Malgré la distance, il garde des liens serrés avec sa famille.
C’est en 1900 qu’il écrit sa première plaquette de vers “Brumes du passé” puis il accomplit son service militaire qui est pour lui une mauvaise période. A la fin de son service, il obtient sa licence de lettre et étudie le droit et les langues. Dès lors il connaît sa vocation.
C’est à 23 ans, qu’il épousera sa femme Pilar Saavedra en Uruguay.
En 1910, il écrit “Comme des voiliers” puis il est mobilisé à cause des guerres. Ses poèmes sont remarqués par Gide et Valéry. Jacques Rivière le publie à la nouvelle Revue Française. Il se lie alors avec de plus en plus d’écrivains : Michaux, Arland, Etiemble.
Il vit une vie heureuse avec sa famille . Le 2 Août 1939, il s’embarque et la guerre le surprend en Uruguay. Il y restera jusqu’en 1946 collaborant aux revues éditées par la France Libre, à “lettres françaises” en Argentine, à “Valuns” en Égypte.
De retour à Paris , les honneurs lui viendront et il écrira beaucoup de poèmes. Il meurt à Paris le 17 Mai 1960.