Dans l’histoire de l’art Argentine, de nombreux artistes français sont passés par l’Argentine au XIXème siècle. Charles-Henry Pellegrini (né à Chambéry dans le duché de Savoie le 28 juillet 1800 – décédé à Buenos Aires le 12 octobre 1875) occupe une place de premier plan parmi les précurseurs.
Considéré comme un historien des premières décennies du 19ème siècle par ses dessins et peintures, il a fidèlement documenté la ville de Buenos Aires qui comptait 70000 habitants au moment de son arrivée en 1828.
Dans ses paysages urbains, il peint à l’aquarelle les bâtiments entourant la Plaza Mayor/plaza de la Victoria (aujourd’hui appelé Plaza de Mayo): le Cabildo, la Cathédrale, les Recovas, le Fort, le poste de police, les points hauts de la ville. Il s’intéressait aussi aux églises et à leurs intérieurs et comprenait des cérémonies religieuses et des festivités civiques, toutes les scènes de la vie quotidienne développées dans l’espace public ou dans les élégants salons porteños.
Enfant adoptif de l’Argentine et d’origine culturelle entièrement européenne, avec ses études à l’Université de Turin d’abord, puis à Paris entre 1820 et 1827, il apportera à Buenos Aires un bagage culturel basé sur les idées progressistes circulant sur le vieux continent.
L’ingénieur, devenu peintre, présente une autre façon de voir la ville en particulier par rapport à ses prédécesseurs étrangers (Brambila, Essex Vidal).
Les dessins et peintures de C.E Pellegrini reflètent sa méthode basée sur l’observation directe du site. Son regard scientifique se révèle dans sa représentation de l’architecture et de l’espace urbain selon des proportions mathématiques. Cependant, il comprend aussi, à petite échelle, des personnages de la vie quotidienne : prêtres, soldats, policiers, vendeurs ambulants, femmes et enfants, messieurs, charettes et voitures de luxe.
Ces mots écrits par Carlos Enrique Pellegrini à sa famille, anticipent un avenir prometteur pour l’ingénieur en Argentine, un pays qu’il adoptera comme le sien et dans lequel il restera jusqu’à la fin de ses jours, car il ne reviendra jamais en Europe : “Je pars sous des auspices heureux et une bonne dose de courage pour endurer les plus grands malheurs, si le ciel me les réserve. Ayez confiance en moi et considérez déjà les succès obtenus que ce nouvel avenir me prépare”.
Les 4 côtés de la Plaza de la Victoria – 1829
Charles Henry (Carlos Enrique) Pellegrini a été formé professionnellement à l’Ecole Polytechnique de Paris, une institution dans laquelle a obtenu son diplôme d’ingénieur en ponts et routes en 1825.
Le représentant diplomatique en France, Juan Larrea, a initié des démarches en Europe pour amener, dans ces contrées lointaines, “des marchands, des agriculteurs, des artistes et tout homme travailleur qui souhaite s’établir dans le pays”.
Larrea était particulièrement à la recherche d’un ingénieur hydraulicien expérimenté et contacta Jean Claude Pellegrini, frère de Charles Henry, qui avait un travail intéressant comme inspecteur du Corp Impèrial des Ponts et Chaussèes à Moissac mais, pour des raisons personnelles, ne voulait pas voyager. Charles Henry, plus jeune et célibataire s’est donc proposé pour remplir cette mission. En janvier 1828, il part du Havre à bord du navire “Adèle”, direction Buenos Aires.
Du fait de la guerre avec le Brésil il est resté bloqué pendant plusieurs mois à Montévideo et arrive finalement à Buenos Aires le 12 novembre 1828. Entre temps le gouvernement a changé et sa mission est annulé quelques temps après son arrivée.
Il retourne alors au dessin sa passion première et est embauché comme portraitiste par le journaliste et lithographe César Hipólito Bacle en octobre 1830. Ils fondent ensemble en 1841 avec un autre français Jean Baptiste Douville la Lithographie des Arts à Buenos Aires et rejoignent ainsi le fondateur en 1833 de la lithographie argentine le français Hilaire Bertrand.
Ils réaliseront les prestigieuses lithographies de Carlos Morel le premier peintre argentin.
La même année, il se marie avec María Bevans Bright, elle est la fille de son ancien superviseur l’ingénieur anglo-argentin James Bevans.
Charles-Henri Pellegrini avec ses enfants Julia et Carlos
Suivant les conseils du gouverneur Juan Manuel de Rosas, il fonde le Revista del Plata (1853) et reçoit nombre de contrats tant comme ingénieur qu’architecte. Sa contribution la plus notable sera le Théâtre Colón, un opéra de 2 500 sièges inauguré en 1857 était le plus grand d’Amérique du Sud.
Son fils aîné, Carlos Pellegrini deviendra président en 1890. Quelques œuvres de Pellegrini sont visibles au MNBA, Musée national des beaux-arts d’Argentine situé à Buenos Aires dans le quartier de Recoleta.
Bonjour
Nous écrivons un livre (au profit de la restauration d’un presbytère de village en Savoie) et nous avons trouvé une lettre d’un certain Louis Bourgeois écrite le 11 septembre 1825 du Havre. Louis a 25 ans et donc né en 1800 à Chaucisse St Nicolas La Chapelle Savoie. Il part pour Buenos Aires sur le Courrier des Indes avec 25 autres savoyards. Je vois sur votre site que le peintre Pelligrini est également né en 1800 et est arrivé en 1828. Nous pouvons imaginer qu’ils se connaissaient. Il serait donc intéressant d’illustrer notre livre avec un tableau de
Pelligrini, est-il possible de prendre la photo qui est sur votre site, la plage de Buenos Aires. En échange et si cela vous intéresse nous vous enverrons un exemplaire du livre Chaucisse 1827 qui paraîtra en juin 2021.
Nous indiquerons également dans le livre que la photo vient de LatitudArgentina .
Merci pour une réponse quel qu’elle soit. Bon dimanche. Huguette Hug Pellissier