Le bruit se répand très vite dans les tribus indiennes qu’un Blanc se propose de les unir pour arrêter l’envahissement progressif par les Chiliens de leurs réserves de chasse. S’étant entendu avec un chef indien, le cacique Magnil, et lui ayant fait part de ses projets, parrainé par ce dernier qui lui sert d’interprète (car il ne parlait pas la langue des populations indigènes), il commence alors son périple avec celui-ci, qui sera alors son compagnon pour traverser les régions du sud de l’Araucanie. Malheureusement, ce dernier meurt pendant le voyage. Antoine de Tounens continue tout de même à traverser un pays hostile, dont il ne connait rien. Il parvient à rencontrer d’autres chefs de tribus, en particulier le cacique Quilapan, ennemi juré du gouvernement chilien, qu’il rallie à son projet.
On ne peut qu’admirer ce phénomène étonnant qu’un Blanc, ne connaissant ni la langue, ni le pays, réussit à convaincre des chefs indiens farouches et sauvages selon nos critères occidentaux, jusqu’alors fortement divisés entre eux, de s’unir à lui pour former la nation araucane!
Notre héros prétendit ensuite s’être rendu compte que les Araucaniens préféraient la royauté à la république, ce terme, par le fait du Chili, étant devenu un synonyme de déloyauté. Il se fit alors reconnaitre roi, sans effusion de sang, en promulguant un décret. En effet, considérant que l’Araucanie ne dépendait d’aucun autre Etat, qu’elle était divisée en tribus, et qu’un gouvernement central était réclamé par l’intérêt particulier aussi bien que par l’intérêt général, il établit une monarchie constitutionnelle et héréditaire pour lui-même, Prince Antoine Orélie de Tounens, qui était ainsi nommé roi. Le même jour, le nouveau roi décréta une constitution, qui était parfaitement sage. Le problème cependant est que les deux documents en question s’adressaient à des Indiens complètement illettrés!