Les aventures d’Orélie-Antoine Ier ne font que commencer : après avoir combattu à la tête de ses Indiens Araucans et Patagons, le Roi fut trahi, capturé par les troupes chiliennes et enfermé, condamné, accusé de folie pour être finalement contraint à l’exil et remis à un navire de guerre français. Pendant six ans, Orélie-Antoine 1er fait des efforts désespérés pour intéresser la France et les Français à sa glorieuse épopée et au royaume de Patagonie et d’Araucanie, écrivant à l’Empereur Napoléon III, ” son cousin “…, et au pape publiant à Paris la Relation de son avènement au trône, sa captivité au Chili et d’autres manifestes.
Ces démarches ne suscitèrent qu’indifférences et dérisions. Orélie-Antoine retourna en Patagonie sous de nouvelles identités.
La tête du roi ayant été mise à prix par le Chili, il échappa, de façon quelque peu rocambolesque, à différents attentats. A court d’argent, il dut cependant se résoudre à quitter le pays et à retourner en France. Après deux mois et demi d’un voyage exténuant à travers la Cordillière des Andes et la Steppe Patagone, il parvint, en juin 1871, au dernier poste effectivement occupé par les Argentins. Orélie Antoine s’embarqua alors à bord d’un navire à destination de Buenos Aires où il arriva le 2 juillet 1871. C’est ainsi que, depuis Montevidéo, qu’il avait enfin atteint, il retourna en France, à bord d’un navire marchand, et où il arriva à fin août 1871.
De retour au pays, il créa un journal, “La Couronne d’Acier”. Il continua à faire valoir ses prétentions et, en particulier, pour convaincre les souverains d’Europe à sa cause. Il n’abandonnera jamais la partie et fera encore deux fois le voyage France – Patagonie, la troisième expédition datant de 1874, lors de laquelle il fut arrêté par un colonel de l’armée argentine, Don Julian Murgat. Libéré, il dut, à nouveau, reprendre la route de la France.
Selon l’historien Armando Braun-Menendez, l’arrestation et l’emprisonnement de notre héros provoquèrent, en octobre 1874, une vive protestation de quatre députés français de la Dordogne auprès du Ministre des Affaires Étrangères, Louis Decazes, et c’est ainsi qu’Orélie Antoine de Tounens fut remit en liberté le 31 octobre 1874. Il s’agissait cependant d’une liberté tellement surveillée qu’il préféra alors abandonner toute possibilité de reconquête de son royaume. Il assista au massacre de ses derniers sujets ou à leur soumission. Désespéré, abandonné et solitaire il regagnera la France.
Antoine de Tounens est mort où il était né dans le petit village de Tourtoirac, ruiné, oublié de tous, dans la seule compagnie de ses décrets royaux, de ses étendards et des ordres qu’il avait fondés. Et il ne reste rien-ou presque rien-, là -bas, où le vent et la pluie règnent seuls, de cet unique et mythique roi qu’ait connu la Patagonie.
Mais aujourd’hui encore, le petit cimetière du village de Tourtoirac reçoit régulièrement la visite d’étranges pèlerins … Des fleurs bleues, blanches et vertes sont souvent déposées sur une tombe qu’il faut savoir “dénicher”, ornée d’une couronne royale et dont l’épitaphe, de plus en plus difficile à lire, est seule à rappeler qu’Antoine de Tounens, décédé à Tourtoirac le 17 septembre 1878 portait le nom d’Orélie-Antoine 1er et le titre de Roi d’Araucanie et de Patagonie… la Patagonie de l’esprit a vaincu!
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