Et quand vous ferez le plan des lieux, en répartissant ses places, ses rues, ses espaces tracés au cordeau et à la règle, en commençant depuis la place centrale (plaza mayor) pour tracer les rues et les accès principaux; ainsi lorsque la population croitra, ce même plan pourra se répéter et s’étendre de la même forme.
Ainsi débute l’Ordonnance royale de Carlos V de 1523 qui déterminera l’espace et les formes des villes du Nouveau Monde dont l’empreinte est visible aujourd’hui et le modèle pérennisé.
Après leur indépendance, les villes latino-américaine ont conservé cet aspect qui leur est propre. Elle s’est inscrit dans la continuité lorsqu’il a fallut redessiner, étendre et bâtir les villes d’Argentine au XIXe.
L’urbanisme hispano-américain se distingue par cette répétition claire des formes géométriques du tracé des villes, qui contraste évidemment avec la morphologie des villes européennes. Ces villes en damier ont conditionné en grande partie la physionomie urbaine du nouveau monde, qui se caractérise par l’ordre et la rationalité de son organisation de base.
La répétition de ces caractéristiques peut laisser penser qu’elle répond à l’existence d’un modèle prédéfinit. Même si il existait une norme matérialisé par le document de Pedrarias Dávila en 1513, l’Ordonnance de Carlos V de 1523 et l’Ordonnace de Felipe II de 1573 (norme “à posteriori”), il n’existait pas à proprement parler d’une exigence post-fondatrice des villes. Il s’agit plutôt de la convergence de certaines caractéristiques qui a définit ce schéma, institutionnalisé par la suite.
La ville de Trinidad, port de Santa Maria de los Buenos Ayres, fondée en 1580 par Juan de Garay, rentre dans le cas de cette institutionnalisation.
“Tracé au cordeau et à la règle” pour reprendre l’expression de l’époque.
Le modèle classique de la ville hispano-américaine coïncide avec les caractéristiques suivantes:
Tracé géométrique, tiré au cordeau.
Les rues droites se coupent en formant une “manzana” rectangulaire ou carré. C’est ce dernier cas qui est le plus connus et le plus représentatif. Chaque côté mesure entre 100 et 125m.
La “manzana” centrale reste libre de construction et se nomme la plaza mayor (actuelle plaza de mayo à Buenos Aires). Cette place est un élément structurel générateur et tout s’organise autour d’elle. C’est le centre de la ville dont la fonction est sociale, officielle, où l’on rend justice, où l’on commerce et où se déroulent les attractions et divertissements locaux.
Les parcelles qui entourent la place centrale sont occupées par les édifices de l’administration civile et religieuse. Les plus proches du centre sont distribuées aux conquistadores et aux principaux fonctionnaires tel que le stipule les instructions données par Fernand le catholique à Pedrarias Dávila le 12 août 1513.
Quand la ville est situé sur la rive d’un fleuve, c’est le cas de Buenos Aires, la place centrale et donc le centre-ville se déplace à son bord.
Le modèle de la ville inclue une forme typique de parcellisation. Elle consiste à diviser chaque “manzana” en quatre parties égales de surface. L’extension de la ville se fait par répétition de ce schéma et est extensible à volonté en s’adaptant à la nature du terrain.