Christophe Colomb, Fernand de Magellan, de grands navigateurs qui ont marqués l’Histoire et changés la face du monde en 30 ans entre 1492 et 1522 quand les galions espagnols réalisèrent l’inimaginable. Colomb va découvrir les Amériques et Magellan ouvre une nouvelle voie commerciale.
Les tempêtes, le danger, la trahison, les mutineries, la famine, des combats … La chronique du premier tour du monde d’Antoine de Pigaffeta pourrait faire l’objet d’un film pour le moins intéressant, une odyssée de 3 ans et 30 jours commémoré récemment à Séville pour son 488ème anniversaire. Séville a été le point de départ et d’arrivée de cette aventure qu’ont initié 241 hommes, dont seulement 18 revinrent après avoir parcouru 78 000 km en près de 1500 jours. Pour les 500 ans, un projet de reconstitution de ce voyage est prévu.
Cette histoire commençait le 10 août 1519, quand ils quittaient Séville sur la célèbre Victoria (qui a été le seul navire à rentrer) avec leurs compagnons d’infortune: Trinidad, Santiago, Concepción et San Antonio. Le premier navire était commandé par Fernand de Magellan âgé alors de 39 ans, le concepteur et le promoteur de l’expédition. Elles formaient un ensemble baptisé Especiera car l’idée était la suivante: atteindre les Moluques, aujourd’hui l’Indonésie, alors célèbres îles aux épices d’où provenaient le safran, la cannelle et les clous de girofle. Avec d’autres, ces produits faisaient l’objet d’un commerce en plein essor qu’avaient monopolisé les Chinois, ensuite les Italiens, les Arabes, mais dont les portugais s’étaient emparés ces dernières années. Et la couronne de Castille voulait en prendre part, bien sûr.
Le projet de Magellan
Magellan était convaincu que ce paradis pouvait se rejoindre par l’Ouest, la question était de trouver le passage reliant l’Atlantique et le grand Océan appelé alors la Mer du Sud, qui sera appelé par la suite Pacifique.
Magellan, originaire du Portugal, a décidé de convaincre la Castille, où un jeune Carlos I a fini par lui acheter le projet qui a pris la forme de cinq navires.
Départ de l’expédition
Après un arrêt de 38 jours à Sanlúcar de Barrameda et 7 autres à Tenerife commençait la vraie aventure. Le manque de vent ralentissait les débuts de la navigation. Après une traversée de plus de 70 jours ils arrivaient en baie de Guanabara à Rio de Janeiro le 13 Décembre 1519. De là, débutait une lente et méticuleuse navigation où dans chaque repli de la côte ils pensaient trouver le Sésame, le passage entre les deux océans. Le 12 janvier 1520 ils entraient dans le Rio de Solis, véritable mer d’eau douce (aujourd’hui Rio de la Plata). Magellan pensait avoir trouvé la route vers l’Ouest, là ou son prédécesseur (Solis) avait perdu la vie 4 ans plus tôt. La désillusion est présente, il doit se résoudre à continuer plus au Sud. Cela signifie s’éloigner de l’équateur, descendre vers la zone polaire alors même que l’automne et l’hiver s’annoncent.
Après plus de trois mois de cette navigation pénible, avec un équipage grognant, le froid et les intempéries qui rendaient la navigation dangereuse, ils arrivaient en baie de San Julian dans ce qui est aujourd’hui en Patagonie Argentine. Magellan y ordonnait l’hivernage (qui a eu lieu entre avril et août 1520). Puis venait la révolte de certains membres de l’équipage et des officiers qui doutaient de l’existence de ce passage. Elle était finalement soumise. Certains étaient condamnés à rester à terre, et Gaspar de Quesada, le capitaine de la Concepción, était décapité. Pour aggraver les choses, la flotte perdait le Santiago dans une tempête alors qu’il était en train d’inspecter la côte mais ne perdait qu’un seul marin.
Découverte du Détroit de Magellan le 20 octobre 1520
Le 24 août 1520 l’expédition reprenait, mais l’avance était à nouveau interrompue en raison du mauvais temps qui obligeait les navires à s’abriter. L’arrêt forcé durait 53 jours. Le 18 Octobre les ancres pouvaient de nouveau être levées et après deux jours ils apercevaient le cap Vierge à l’entrée du passage qu’ils cherchaient et qu’ils baptisèrent Victoria. Aujourd’hui il porte le nom de Détroit de Magellan.
Pas moins de 38 jours étaient nécessaires pour le traverser dans des conditions météorologiques terribles, dans de forts courants et dans un paysage de falaises menaçantes qui semblaient être prêt à les avaler. Au final, ils retrouvaient la tant désirée Mer du Sud. Il n’y avait plus que trois navires: le San Antonio avait déserté lors d’une reconnaissance et avait navigué jusqu’à Séville où ses officiers furent jugés et condamnés.
Traversée du Pacifique
Dans le Pacifique le temps était relativement clément, mais déjà la faim et les maladies (typhus, scorbut, dysenterie …) emportaient 20 hommes d’équipage. Ils retrouvaient la terre à nouveau en posant le pied sur les îles Mariannes qu’ils baptisèrent Velas Latinas.
Fernand de Magellan meurt le 21 avril 1521
Dans les parages des Philippines ils jetaient l’ancre sur l’île Cebu, où les choses sont allées de mal en pis. Il avait été organisé une expédition sur l’île de Mactán, où, dans un affrontement avec les Indiens étaient tués Magellan et six marins le 27 avril 1521. De retour à Cebu, où à première vue ils avaient été accueillis à bras ouverts, ils tombaient dans une embuscade dans laquelle 20 hommes mouraient, Cela précipitait la fuite des trois navires qui n’étaient bientôt plus que deux: le manque d’équipage et le mauvais état du navire les amenaient à sacrifier la Conception et la brûler.
Retour vers l’Espagne
L’expédition arriva sur l’île Balambangan (au nord de Bornéo), l’équipage y choisissait leurs nouveaux maîtres: Juan Sebastián Elcano qui avait commencé comme maître d’équipage de la Conception, était promu Capitaine de la Victoria et Gonzalo Gomez de Espinosa de la Trinité. Cela les conduisait le 8 Novembre 1521 au port Tidore, dans les Moluques (à l’Est de l’Indonésie). Le 11 Février 1522, la Victoria prenait la direction de l’Espagne chargée d’épices, alors que la Trinité terminait ses réparations suite à un chargement trop lourd qui lui causait des dégâts. Comble du malheur elle se trompait de direction en repartant et tombait aux mains des portugais.
Et voici venu le coup de génie d’Elcano, il décidait de prendre le chemin de l’Orient plutôt que de revenir sur ses pas, et de s’aventurer sur la route contrôlée par les portugais. Ils passaient le cap de Bonne-Espérance. La terre de Séville était atteinte 7 mois plus tard le 8 septembre 1522 avec un équipage réduit à 18 hommes à cause de la faim, des maladies et des mauvaises rencontres.
Le premier tour du monde entreprit par Magellan est accomplit
Ils avaient atteint leur objectif mais à un prix élevé. De fait, le chroniqueur du voyage Antoine Pigafetta n’était à posteriori pas convaincu de son intérêt « je pense que dans l’avenir personne s’aventurera dans un tel voyage ». Elcano ne partageait pas son avis et mourut en 1526 à bord de la Victoria en essayant de refaire le même périple…il faudra attendre 58 ans pour qu’une telle prouesse soit rééditée par Francis Drake.
A lire: Magellan de Stefan Zweig – Grasset – 1938
Le plus beau livre sur Magellan que son auteur a eut l’idée d’écrire en venant en bateau en Argentine. Il mesure la prouesse de la navigation de Magellan en étant lui à bord un paquebot bien confortable.
BD, Magellan, jusqu’au bout du monde (de C. Clot, T. Verguet et B. Orenge), parution au 14 mars 2012, collection Explora aux Éditions Glénat