Les chutes d’Iguazu, un site naturel majeur du continent à la frontière séparant l’Argentine du Brésil. Un site classé au Patrimoine de l’Unesco et reconnu comme une des merveilles du monde qui attire presque 1 million de visiteurs chaque année.
Grand explorateur, Alvar Núñez Cabeza de Vaca est le conquistador espagnol, qui à la tête d’une expédition se dirigeant des côtes brésiliennes vers Assomption, découvre ces fameuses et spectaculaires cataractes de l’Iguazu.
Vers la fin de sa vie,il a fait rédiger ses relations de voyage par le notaire Pero Hernandez. Ces écrits ne sont pas tant connues du grand public mais elles comptent sans aucun doute parmi les œuvres majeures de la littérature hispano-américaine du XVIe siècle.
Paru en 1555 et intitulé ‘Naufragios y Comentarios’, ces écrits paraissent un peu plus de 50 ans après la découverte des Amériques par Christophe Colomb. Et l’on y trouve à l’intérieur les circonstances de cette découverte (p.182-183, ed.Calpe 1922).
Il aurait pu être un conquistador de plus dans l’histoire de la conquête des Amériques mais son destin se révèle peu commun…
Cabeza de Vaca (tête de vache), l’origine du nom
A part ses écrits, la vie de Alvar Núñez Cabeza de Vaca n’est pas connue dans son entier. Il serait né à Xerez entre 1488 et 1490 et serait mort à Séville vers 1557/1559. Il est issu d’une famille noble de Xerez et petit-fils de Pierre de Vera, le conquérant des Canaries. Son nom de famille pour le moins singulier ‘cabeza de vaca’ ou en français ‘tête de vache’, remonte à l’anoblissement de sa famille maternelle en 1212. Les armées chrétiennes des rois de Castille, d’Aragon et de Navarre gagnèrent la célèbre bataille de Navas de Tolosa – qui marquera le début de la Reconquista – grâce aux indications d’un berger. Ce dernier leur indiquèrent un chemin sur en plaçant un squelette de tête de vache à son entrée. En récompense de ce service, il reçu l’anoblissement pour lui et sa descendance et choisit le nom de ‘Cabeça de Vaca’ en souvenir de ce haut fait. De nombreux descendants occuperont des postes de dignitaires et Alvar Núñez choisira le métier des armes.
Il participe comme trésorier du roi à l’expédition de Pamphilo de Narvaez qui avait pour but de conquérir la Floride et c’est ici que tout commence.
Première expédition – 1527-1536
Parti en 1527 dans une expédition vers la Floride et le golfe du Mexique, il sera l’un des premiers européens à parcourir le sud des États-Unis actuels (Floride, Louisiane, Texas, Arizona, Nouveau Mexique, Californie). Il découvre le Mississippi, le bison, les Apaches, les Comanches… Il est l’un des 4 survivants des 300 espagnols qui constituaient l’expédition emmené par Pamphilo de Narvaez. Prisonniers des indiens, il survivra pendant 8 ans à de multiples vicissitudes, échangé plusieurs fois, traité plus ou moins en esclave. Il devra son salut à ses facultés d’adaptation, à comprendre leur mode de vie, leurs croyances et leurs coutumes. Il se transformera en une sorte de guérisseur et obtiendra une certaine réputation auprès d’eux. Il obtiendra finalement de recouvrer sa liberté et rejoindra Mexico après avoir traversé à pied une partie du sud du pays et retrouver quelques conquistadores, ce qui lui permit de rentrer en Espagne.
Son retour inespéré en 1536 causa grande sensation auprès de la cour, et il usa de son savoir pour démontrer ses capacités, une grande connaissance de la région, de sa géographie et de sa composition ethnographique.
Sa principale motivation était de se faire nommer par le roi Carlos I ‘Segundo Adelantado’ destiné à la région du Rio de la Plata tout juste découverte, pour succéder à Pedro de Mendoza. On se souvient que Pedro de Mendoza venait de jeter les bases d’une installation qui devint par la suite Buenos Aires. (cf. Ulrich Schmidl, le premier historien d’Argentine).
Deuxième expédition – Rio de la Plata- 1540-1544
Alvar Núñez obtient la faveur d’être nommé ‘Segundo Adelantado’, gouverneur, adelantado et capitaine général de la province du Rio de la Plata. Et en novembre 1540, il est en route pour le Rio de la Plata pour remplacer Pedro de Mendoza.
C’est finalement sur l’île de Santa Catalina, dans l’actuel sud du Brésil qu’il accoste fin mars 1541 suite aux aléas du voyage avec ses 400 hommes et 27 chevaux.
Il y apprend que Buenos Aires a été abandonné et qu’il doit alors se diriger vers Asunción (Assomption, capitale de l’actuel Paraguay) où s’était fondé en 1539 un nouvel établissement espagnol.
Voir aussi dans histoire politique de l’Argentine: Rio de la Plata – 1540-1544
Découverte des chutes d’Iguazu – 31 janvier 1542
Accompagné par des indiens Guaranis, Alvar Núñez traverse alors une partie du Brésil méridional avant d’emprunter les fleuves Iguazu et Parana qui le conduiront à Asunción. La description des villages Guaranis traversés, de son enchantement et des rapports amicaux avec les tribus ne cache pas les milles péripéties de ce voyage. C’est au cours de cette remontée le long du fleuve Iguazu à la fin janvier 1542 qu’il découvrira les grandes cataractes de l’Iguazu (ou Yguaçu dans le texte original); connues aujourd’hui sous le nom de chutes d’Iguazu, à la frontière entre le Brésil et l’Argentine.
L’endroit qui est aujourd’hui un des sites naturels le plus beau au monde, a causé bien des soucis à Alvar Núñez puisque les 80 hommes embarqués ont du débarquer à l’approche des eaux du fleuve qui s’accélérèrent et sortir de ce mauvais pas.
Loin de l’endroit où l’on s’était embarqué le courant forme une chute par-dessus des rochers fort élevés. L’eau, en tombant, produit un si grand fracas qu’on l’entend a plusieurs lieues, et l’écume chassée avec violence s’élève à la hauteur de deux lances et plus. Il fut nécessaire de sortir des canots, de les tirer de l’eau et de les transporter par terre jusqu’au delà de la cataracte. On les transporta à force de bras pendant plus d’une demi-lieue, ce qui occasionna des peines extraordinaires.
Alvar Núñez Cabeza de Vaca prisonnier des siens
Critiqué d’un côté pour s’être autorisé quelques affabulations et bien se faire voir au retour de son premier voyage; il connaitra à nouveau le tourment en tant que gouverneur en poste à Asunción.
Alvar Núñez Cabeza de Vaca sera reconnu pour avoir pacifié la région d’Asunción en soumettant la tribu belliqueuse des indiens Guaycurus, avec l’aide des indiens Guaranis avec qui il entretenait de bonnes relations.
Par contre, il s’est attiré l’antipathie des autres dignitaires espagnols de la région qui lui valut sa chute. Il est représenté par certains de ses contemporains (comme Ulrich Schmidl et le caballero Azara) comme une personne rigide et tyrannique. Sans doute victime de son zèle à vouloir faire respecter les lois de la métropole, les vexations des conquérants les amènent à ourdir un complot contre sa personne. Il est fait prisonnier au cours d’un soulèvement à Asunción en 1543, renvoyé en Espagne pour être jugé, destitué de ses charges et condamné à l’exil à Oran.
Alvar Núñez Cabeza de Vaca sera finalement acquitté en 1551, il rentra au pays et termina sa vie à Séville comme auditeur.
Alvar Núñez Cabeza de Vaca – un grand explorateur
Alvar Núñez Cabeza de Vaca sera connu et reconnu à partir de la publication de son livre en 1555 intitulé ‘Relation’ qui prendra par la suite le titre ‘Naufrages et Commentaires’ que l’on connait aujourd’hui. Il relate ses explorations en Amérique du Nord; ses expéditions au sud du Brésil et entre Paraguay et Argentine.
Ses écrits ne sont pas un carnet de voyage, ni un journal de bord, ‘Naufragios y Comentarios’ se lit comme une fiction, un roman d’aventure.
Son talent de conteur et le crédit apporté à ses relations l’élèveront au rang des grands explorateurs de son temps.
- Commentaires d’Alvar Núñez Cabeça de Vaca – rédigés par Pero Hernandez – Valladolid 1555, trad. française de 1837
- Núñez Cabeza de Vaca (Alvar) – Naufragios y Comentarios – ed. Calpe, Madrid 1922