Hugo Pratt (1927-1995) a vécu 13 ans en Argentine, de 1949 à 1962, il a pendant cette période dessiné et édité en ce pays mais peu d’albums ont été publiés. L’Argentin n’est pour ainsi dire, pas un grand amateur du 9e art malgré quelques dessinateurs talentueux et de renoms.
Ce n’est qu’en janvier 2010 que les éditions Clarin associé à la revue Ñ a publié les aventures de Corto Maltese.
Corto Maltese, figure et monument incontournable de la bande dessinée. Marin errant et aventurier, “gentilhomme de fortune“, pommettes hautes et regard perçant, il impose sa silhouette fine et son caractère mystérieux. Vêtu de son inusable caban de marin et coiffé de sa casquette de pacha, il va de port en port, rencontre des gens extra-ordinaires, mais il reste humain et tombe amoureux. A l’encre de chine ou à l’aquarelle, le personnage garde un aspect mystérieux, il apparait pour la première fois en 1967 dans le revue Sgt. Kirk. L’action se situe vers 1913 dans le Pacifique sud, Corto est dans une barque condamné à mourir de faim et de soif (Album La ballade de la mer salée). On perd ensuite sa trace pendant la guerre civile espagnole après qu’il se soit engagé dans les Brigades Internationales. La date présumé de sa mort est un débat sans fin (1947?).
De port en port, de continent à continent, on sait que le marin est passé par l’Amérique du Sud: au Vénézuela en Équateur et en Colombie en 1917; au Brésil avec Rio et l’Amazonie en 1916. Et ce qui nous intéresse particulièrement, en Argentine à Buenos Aires et en Patagonie.
Corto débarque en 1923 à Buenos Aires à l’âge de 36 ans pour rechercher une amie polonaise rencontrée à Venise et victime d’un réseau de prostitution (Album Tango…Y todo a media luz). Il arrive de Perse où pendant 1 an il était à la recherche du trésor d’Alexandre le Grand (Album La Maison dorée de Samarkand) et après l’Argentine on le retrouvera se promenant en Suisse et ses mythes envoûtants.
C’est lors de son passage dans la capitale Argentine que l’on apprend que Corto Maltese y était déjà venu mais plus au sud. En Patagonie, il était déjà accompagné du déserteur russe Raspoutine et fit la connaissance des bandits nord-américains Butch Cassidy et Sundance Kid. C’était à priori vers 1907, mails là encore œuvre le mystère Maltese-Pratt…
Corto Maltese, héros légendaire qui fera rêver encore des générations et suscitera sans doute bien des vocations de “coureur des bois”. Hugo Pratt, le “petit vénitien”, nous aura fait partager ses rêves, ses méditations et demeurera un Grand du 9e art. Si l’Éthiopie lui a appris a dessiner, devenu maître du noir et blanc, il avouera que c’est l’Argentine qui lui a appris à écrire. Son œuvre Saint-Exupéry le dernier vol en témoigne, Hugo Pratt restera le Petit Prince de la BD…
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