Exploit > 1ère traversée de la Cordillère Darwin


La cordillère Darwin se situe tout au Sud du continent sud-américain, elle est la chaine montagneuse situé sur la grande île de Terre de Feu et signe la fin de la cordillère des Andes continentale qui après immersion réapparait sur le continent Antarctique. Elle déplie son relief accidenté d’Ouest en Est, du détroit de Magellan au canal Beagle et reste l’une des partie du globe terrestre des plus méconnues et surtout jusqu’alors invaincue.

Les contours dentelés des vallées semblent prêts à se refermer comme les mâchoires d’un piège mortel. Nulle part l’œil ne peut se reposer
Jean Raspail Qui se souvient des hommes…

Son altitude n’est pas très élevée, son point culminant est le Mont Darwin à 2490m d’altitude. Cependant, les conditions climatiques auquel la cordillère Darwin est soumise est extrême. Cette région est en effet battue, soumise et torturée par les vents des 50° hurlants. Les indiens Yamanas et Alakaluf qui vivaient dans ses régions des canaux de Patagonie avaient baptisé les coups de vents terrifiants qui peuvent atteindre 250km/h par le nom de Ayayema, une divinité mauvaise qui laissait éclater sa colère sans prévenir, pour une raison ou une autre selon leur interprétation et leur croyance. L’amiral Fitz Roy en avait fait une description assez complète (en langage de marin ce vent ce nomme Williwaw) lors de son exploration sur le HMS Beagle dont Charles Darwin faisait parti, pour mettre en garde les marins qui viendraient à naviguer dans la région et leur faire part de recommandations d’usage pour s’en protéger.

De fait, la cordillère Darwin et resté vierge des pas des explorateurs (ou presque), ce qui la rend d’autant plus attractive. Dans la lignée de leurs prédécesseurs explorateurs (notamment Alberto de Agostini qui parcourra la région); quelques expéditions de montagnards de l’extrême se sont risqués dans ces parages sans jamais réussir à la traverser complétement tant le climat et le relief sont hostiles.

Son plus haut sommet, le Mont Darwin, a été vaincu en 1961 par une équipe anglo-chilienne emmenée par Eric Shipton (pour cette raison il est aussi appelé Mont Shipton).
Dans les dernières en date ont peu compter en 2009 sur une expédition de guides de haute-montagne et de scientifiques français emmenée par Yvan Estienne mais qui a du rebrousser chemin.

Je n’ai jamais vu ça, même dans les pires endroits de la planète où j’ai grimpé. En dix minutes, on passe du paradis à l’enfer. Un front survient au galop, annoncé par des rafales de vents à 150 km/h qui nous jettent à terre. Des torrents d’eau ou des cascades de neige s’abattent en quelques minutes. Visibilité nulle, froid polaire, séracs chancelants, ponts de neige instables qui masquent de profondes crevasses mortelles.
Pierre Muller au retour de l’expédition 2009

Reprenant avec force l’expression de Maurice Herzog “Une première, tout peut arriver!”; c’est à partir de août 2011 que le GMHM (un groupe de spécialistes de l’armée de Terre française dans les domaines de l’alpinisme et des milieux polaires attachés aux défis techniques et sportifs) tentera cette mythique traversée. Une équipe de 6 alpinistes chevronnés. Le groupe prévoit une expédition en autonomie complète de plus d’1 mois pour parcourir les 120km de glaciers, sommets, crêtes et crevasses de leur itinéraire. Arrivé à Punta Arenas (sur le détroit de Magellan au Chili) et après avoir débarqué sur la grande île de Terre de Feu, il leur faudra rejoindre Ushuaia (sur le canal Beagle côté argentin) à pied, sans disposer de relevés topographiques précis.

Si Ayayema le veut bien…à suivre…

Expédition 2009: Un rêve de Darwin
Expédition 2011: Sur le fil de Darwin

Le GMHM annonce le 04/10/2011: Désormais, la cordillère Darwin, découverte en 1832 par l’auteur de la « Théorie de l’évolution des espèces », lors de son tour du monde sur le Beagle, n’est plus un « rectangle blanc » (NDLR : où l’homme n’a jamais posé le pied) sur le planisphère.
La cordillère Darwin dans l’extrême Sud du Chili, n’est plus une Terra Incognita : Les six membres du Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM) de Chamonix viennent d’en achever la première traversée intégrale.

Photo du haut: expédition 2009 lors de l’ascension du mont Karine Ruby

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