Buenos Aires, Capitale Mondiale du Livre 2011 nous permet de redécouvrir Le Livre céleste publié pendant que débute La saison Argentine en France. Buenos Aires et l’Argentine se retrouvent en Tandem autour de programmes mêlant patrimoine musical et création littéraire et contemporaine.
Invité fréquemment et déjà un habitué de Latitud Argentina Mag; l’ami Sébastien Lapaque, écrivain-voyageur et découvreur insatiable, nous fait grâce de sa tribune littéraire sensible et passionnée. Ahi va!
Vicomte de Lascano Tegui Ce dandy fantasque qui vécut à Paris publia à Buenos Aires une célébration poétique de l’Argentine qu’on redécouvre aujourd’hui.
Qui connaît un plaisir plus délicat que la redécouverte d’un écrivain tombé dans l’oubli ? Si toute lecture un peu approfondie s’apparente à une conversation amicale, c’est encore plus vrai lorsque le livre est l’œuvre d’un artiste abandonné, dont on vit la rencontre comme un privilège. Ouvrez le Livre céleste du Vicomte de Lascano Tegui non pas au hasard, mais à la première page, et laissez vous porter jusqu’à la dernière. Il y a quelque chose d’envoûtant dans ce poème en prose composé à la gloire de l’histoire, des grands hommes, de la géographie, de la faune et de la flore argentine rédigé en France en 1935 et publié à Buenos Aires en 1936.
Les pierres fabuleuses, les animaux étrangers et la botanique du sortilège ont servi de levain à la nouvelle nationalité. Ces choses, oubliées des docteurs, je les ai recueillies. C’est la voix de ma mère qui me les a dictées.
Dandy d’un genre un peu particulier, mystificateur et érudit, écrivain, peintre et journaliste, Emilio Lascano Tegui (1887-1966) s’affubla d’une particule et d’un titre de noblesse fantaisiste comme on aimait le faire dans la bohème qu’il fréquenta à Paris du temps d’Apollinaire, Picasso et Modigliani. En 1994, les éditions Le Dilettante nous avaient déjà invités à redécouvrir son Elégance des temps endormis, faux journal intime d’un enfant farouche et triste de la Belle Époque. Un livre rédigé en castillan dont la matière et la lumière étaient françaises. Dans le Livre céleste, texte éblouissant et furieux, « poème savoureux et parfumé », cette matière et cette lumière évoquent les rives du río de la Plata, la rive droite qu’aima tant Jorge Luis Borges, et la gauche, où naquit Isidore Ducasse, comte de fantaisie lui aussi. On oublie trop souvent l’empreinte uruguayenne sur les Chants de Maldoror. L’écho qu’en fait sans cesse entendre le Livre céleste permet de la découvrir. Oiseaux, chevaux, gauchos, grives et feux follets, nostalgies et pampas : tout ce que le très mystérieux Vicomte de Lascano Tegui donne à voir et à sentir de son Argentine fabuleuse évoque les figures insoumises et fantastiques qui hantent l’œuvre du comte de Lautréamont.
Le Livre céleste du Vicomte de Lascano Tegui
Traduit de l’espagnol (Argentine) et préfacé par Catherine Vasseur
Vagabonde,140 p., 16 €
Paru dans le Figaro littéraire du jeudi 27 octobre 2011.
De Lascano-tegui j’aimerais trouver un recueil de ses articles de presse. En souvenir, j’ai un portrait de Mariette Lydis par lui dans un journal “Montparnasse” avec Kiki de Montparnasse en couverture. C’était près de son arrivée (1926-27) . La viennoise toute auréolée de son succès de Milan, quittait Florence et où elle fréquentait Bontempelli, invitée à exposer au salon d’automne elle fréquenta Delteil, Foujita, Kisling … de vint comtesse en épousant un Italien et hasard? subtile influence, après l’Angleterre se réfugia en Argentine en 1940, fut l’amie des Occampo et connut la gloire en s’émerveillant comme l’avait prévue le “vicomte”. N’est-ce pas merveilleux?