A l’Exposition Universelle de 1889, la France accorde à l’Argentine une place de choix. Le pavillon est situé au pied de la Tour Eiffel, le monument le plus en vue de l’exposition et possède un pavillon d’exposition individuel séparé des autres pays d’Amérique du Sud.
Le pavillon de l’Argentine
Le pavillon fut imaginé par l’architecte Albert Ballu, vainqueur des 27 projets présentés lors du concours ouvert par l’Argentine en 1887.
Haut de 23 mètres, il se composait de 5 coupoles et de 4 figures aillées à chaque angle.
Il est officiellement inauguré le 25 mai 1889 par les présidents Sadi Carnot et Carlos Pellegrini. Le 25 mai est la date considérée comme fondatrice de l’Argentine (25 mai 1810, le premier gouvernement officiel marque un avant et un après dans l’histoire de l’Argentine). L’édifice, qui reçut de nombreux éloges, est décrit par C. de Varigny comme “un monument grandiose où l’ingénieuse et heureuse fantaisie de l’architecte a semé à profusion des cabochons qu’éclaire le soir la lumière électrique.”
Le pavillon d’Argentine conçu par Albert Ballu de fer et de verre, fut d’abord démonté après l’exposition et transporté jusqu’à Buenos Aires pour les célébrations du centenaire de l’indépendance. Il est reconstruit sur la place San Martin (photos) en face de la calle Arenales (entre Florida et Maipu), sa concession est donnée à un anglais qui organisera plusieurs expositions et il est repris pour accueillir le Musée des Beaux Arts qui comporte à l’époque 3000 œuvres (12000 aujourd’hui dont 700 sont exposées au MNBA, avenue Libertador au 1473).
Laissé à l’abandon, le pavillon est démonté en 1932 lors de l’agrandissement de la place San Martin. Les quatre groupes sculptés en bronze au sommet des tours qui formaient l’angle du bâtiment furent réutilisés en tant que pieds pour 4 mâts ornementaux dans différents quartiers de la ville.
- “La República Argentina”: Elle était située sur la façade principale de l’édifice et réalisée par Jean-Dominique Hugues. la république est symbolisée par une femme accoudée à une vache. A ses pieds, une figure masculine, allégories de l’agriculture, de l’élevage, de l’industrie et du commerce, ainsi que du chemin de fer. Elle se trouve actuellement dans les écoles “Escuelas Raggio”, dans le quartier Núñez.
- “La agricultura”: un groupe de deux sculptures semblables formaient deux angles du pavillon. Œuvres du sculpteur Louis-Ernest Barrias et fondu par Thiebaut Frères. Un groupe se trouve à Villa Lugano sur l’avenue Riestra y Martiniano Leguizamon et un autre sur l’Avenida Cabildo y San Isidro (Núñez)
- “La navegación”: un autre groupe de deux sculptures semblables qui complétaient les deux autres angles, l’un se trouve sur l’Avenida de los Incas y Zapiola (Belgrano R) et l’autre au sud de la place América, sur les rues Guamini, Itaqui, Piedrabuena et Fernández de la Cruz (Villa Riachuelo).
Une partie des éléments de la structure métallique du palais argentin auraient été retrouvés utilisés comme armature de la Fábrica Solana de Carros y Carruajes à Mataderos près de Buenos Aires.
Le choix de l’architecture de son pavillon lui permet de se démarquer des autres pays sud-américains présent (Pérou, Brésil, Uruguay, Chili). Elle affirme ses prétentions de leader et l’image d’un pays moderne et économiquement développé. Le style du pavillon est clairement européanisé et même français puisque techniques, architectes et artistes sont de nationalité française. Quitte à renier une partie de son passé, elle rejette les références à la culture indigène. A cette époque la “campagne du désert” emmenée par le général Roca en 1879, met un terme à la pacification par l’élimination pure et simple des différentes tribus pour annexer les terres et les attribuer aux immigrants et aux colons.
Avec un total de 1473 exposants, l’Argentine est la nation la plus représentée. Elle impressionne les visiteurs frappés par sa production de blé, son cheptel (moutons, bœufs, chevaux) et ses produits d’élevage (viandes, laines, peaux).
Le blé de Patagonie produit à Trevelin sera élu meilleurs blé au monde à cette occasion.
Par contre, elle est peu présente dans les groupes qui concernent l’industrie et les produits manufacturés.
Le commerce extérieur total de l’Argentine est de 104 millions en 1880 et plus de 250 millions en 1889; dont 35 % des échanges se font avec la France. L’exposition témoigne du rôle important de la France dans la diffusion des références culturelles, politique et intellectuelle en Argentine. Elle négocie toute traite favorable au développement de son économie. Cela se solde par de vastes échanges commerciaux et de capitaux et l’accueil de 10.000 immigrants français en 1889. L’Argentine confirme son leadership sud-américain. Félicitée par le Président Carnot pour sa participation, elle sera la grande découverte de cette exposition.