Période du Directoire et de Rivadavia (1813-1830)
Dans ces années, nous pouvons constater une importation hâtive des critères qui visent à déplacer la tradition créole-espagnole: tout ce qui rappelle le style espagnol est rejeté.
Les difficultés résultant des guerres pour l’indépendance et de la guerre civile qui l’a suivit ont provoqués non seulement des dégâts économiques mais aussi un retard dans les projets d’infrastructures. Ces échecs initiaux ont conduit Rivadavia, comme ministre du Gouvernement de Martin Rodriguez, puis comme président des Provinces Unies a essayer d’y remédier.
Rivadavia avait été ébloui par toutes les idées progressistes du vieux monde et sa principale inspiration était de faire de Buenos Aires la ville la plus européenne en dehors de l’Europe. La seule alternative à l’imposition de la «Civilisation» a été de l’importer et d’anéantir la «Barbarie». Il fait appel aux techniciens français, anglais et italien (Prospero Catelin, Pierre Benoit, Charles Pellegrini, James Bevans, Carlo Zucchi et autres) et a créé les structures institutionnelles pour développer leur travail: le ministère des Ingénieurs et Architectes et le Département d’Ingénierie hydraulique.
Les formalités bureaucratiques et les obstacles ont empêché que les changements prennent effets, mais elle n’avait pas non plus réellement la capacité de les mettre en œuvre.
Beaucoup de ces artistes sont restés à Buenos Aires et ont été connus par la suite comme peintres et portraitistes.
Le symbole de cette période sont les douze colonnes (style corinthien géant surmonté d’un frontispice de style grec) de la cathédrale de Buenos Aires (construite en 1760 et qui n’avait jusqu’alors pas de façade). P. Catelin et P. Benoit ont élaboré la colonnade qui existe actuellement et qui a fortement impressionné les habitants en son époque pour être la première construction de style néo-classique.
A Catelin, Buenos Aires lui doit également la Chambre des représentants élevées dans la Mazana de las Luces qui représente un espace de formalisation et inspiré des idéaux politiques de la classe dirigeante.
Buenos Aires lui doit aussi le tracé du cimetière de la Recoleta et la promenade adjacente.
Au cours de cette période, deux temples protestant ont été construit: la cathédrale anglicane de Saint-Jean-Baptiste (entre les rues 25 de Mayo et Rivadavia) et l’église presbytérienne St. Andrew’s (rue Piedras, démoli pour ouvrir la Avenida de Mayo); œuvres de Richard Adams (en collaboration avec Catelin).
Les deux ont un style néo-grec quand c’est la tendance néo-romane qui dominait.
Cette politique d’architecture a été limité à une élite cultivée et n’a pas pénétré le peuple de Buenos Aires, et encore moins l’intérieur du pays. La ville est restée une «villa des vice-rois» circonscrit à une centaine de blocs, même si ce n’est que lentement qu’ils commencent à supprimer les détails ornementaux de style baroque; à réduire la taille des corniches, remplacer les toits en tuiles par une toiture plate en terrasse, à ajouter des grilles de fer… Le même Catelin établi les lignes directrices de la construction et le contrôle juridique et technique des constructeurs par le ministère auquel il appartenait.
Ces esquisses du néoclassicisme se voient également dans le style des estancias de la région de Buenos Aires (qui coïncide avec l’expansion des frontières) dans les casa-quinta qui commencent à fleurir alentours.
Les impressions des voyageurs qui arrivent en ces temps-là à Buenos Aires évoquent toutes le caractère monotone et plat, sans relief de la ville; seulement rompu par les tours des églises et des quelques édifices publiques qui entourent la Plaza de Mayo (de son nom actuel).
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