Antonio Berni est sans doute l’un des peintres argentins les plus importants et renommés. Dans le vingtième siècle vertigineux, il incarne une vision moderniste de la peinture. Adepte du changement pour rompre les lignes et les couleurs, s’essayant à de nouveaux supports et matériaux, il incarne un mode de rébellion qui exerce un regard critique toujours renouvelé attaché à la sensibilité propre de l’auteur. Une forme d’expression épidermique en réponse aux stimuli des tensions sociale et politique.
Antonio Berni est né en 1905 à Rosario, dans la province de Santa Fe, au nord de Buenos Aires.
Il a 15 ans quand il expose ses premiers tableaux dans sa ville natale. Il est dans sa période néo-impressionniste et la peinture à l’huile.
En 1925, il voyage en Europe pour poursuivre ses études grâce à une bourse accordée par le Jockey Club de sa ville.
Il choisit Madrid comme destination car la peinture espagnole était à cette époque à la mode à Buenos Aires, celle de Sorolla et de Zuloaga.
C’est en étant à Madrid qu’il se rend compte que le berceau de la peinture espagnole est en réalité Paris. Il décide donc d’y aller. Cette époque va déterminer le reste de sa vie.
En 1926, il s’installe à Paris, où il fréquente l’atelier des peintres André Lhote et Othon Friesz. Il se lie avec d’autres artiste argentins qui y résident alors: Xul Solar, Badi, Bigatti, Basaldua et Spilimbergo avec qui il vivra une solide amitié.
Le temps de la bourse terminé il rentre en Argentine pour quelques mois et obtient une nouvelle subvention de sa province natale pour revenir étudier à Paris.
Dans la capitale française, il participe plus activement au “groupe de Paris” qu’il forme avec les argentins Badi, Basaldua, Butler et Spilimbergo.
En 1928, il fait la connaissance de Louis Aragon un des leader du mouvement dadaïste et surréaliste, avec qui Berni partage ses idées sur l’engagement de l’art pour la révolution. Il le présente au poète et critique d’art André Breton. C’est dans ces années là que Berni rencontre Max Jacob auprès de qui il apprend la technique de la gravure.
Son grand ami français sera Henri Lefebvre, un étudiant de la Sorbonne qui l’initie à la lecture de Marx.
En 1930, il retourne en Argentine et s’installe avec sa femme française et sa fille dans la ville de Rosario.
En 1931, il adhère au Parti communiste et, l’année suivante, il provoque le public portègne – c’est l’époque du gouvernement militaire d’Uriburu- dans une exposition d’œuvres surréalistes (la première en Argentine) qui est présenté dans la galerie de l’association Amigos del Arte.
Devant la crise économique, politique et sociale l’art de Berni se tourne vers le réalisme critique.
En 1933, il participe, avec Siqueiros, Spilimbergo, Castagnino et Lazaro, à la réalisation du mural “Ejercicio plástico”, dans la résidence de Natalio Botana, directeur du célèbre quotidien de l’époque Crítica.
En 1943, avec les artistes Spilimbergo, Castagnino Urruchua et Colmeiro, il crée le premier atelier de peinture murale.
Tout au long de la décennie des années 60, il développe des gravures, des xylo-collages-reliefs assemblés avec des matériaux et déchets.
C’est à cette époque que Berni crée ses deux personnages qu’ils mettra constamment en scène dans ses œuvres: Juanito Laguna l’enfant des bidonvilles, et Ramona Montiel la ” prostituée au grand cœur “.
Puis dans les années 70, il puisera ses sources dans l’hyperréalisme.
Antonio Berni est mort à Buenos Aires en 1981, à l’âge de 76 ans
Dans une entrevue quelques jours avant sa mort, il disait « El arte es una respuesta a la vida ». L’art est une réponse à la vie…
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