Histoire

Pionnier de l’aviation > Paul Castaibert

castaibert
Paul Castaibert a été le premier des pionniers de l´aviation argentine à  fabriquer des avions en série. De 1910 aux premières années de la Grande guerre, il s´est crée à  Buenos Aires 4 entreprises qui ont construit des avions avec un certain succès commercial (Castaibert, Marichal, Mazzoleni et Noni). Dans leur contexte il faut garder en mémoire que seules existaient des entreprises de fabrication d´avion dans quatre pays européens.

Paul Castaibert a doté l´Argentine de sa première « industrie aéronautique » dès 1910; et ce jusqu´en 1916 avant de s´installer définitivement en Uruguay après avoir vendu ses installations. Construire en série pour l´époque c´était le fait de construire plusieurs avions en même temps, cela n´a pas en effet le même sens qu´aujourd´hui.

Paul Castaibert (Simacourbe 11 novembre 1883 – Montévidéo 19 mai 1951) :

Né en France dans le village de Simacourbe (Pyrénées-Atlantiques), il est le seul fils d´une famille de paysans. Il a suivit des études sommaires et a rejoint son père dans le travail de la terre. Il a toujours eu des facilités pour comprendre la mécanique, de fait il pouvait améliorer ses bicyclettes avant de s´intéresser à  l´automobile et ses mystères. Il pourra entreprendre ainsi son futur avec un certain optimisme lorsqu´il décide de partir en Argentine en 1909 pour s´installer dans le quartier de Palermo de Buenos Aires. Là , il installe un garage pour auto et le convertit en peu de temps en une entreprise rentable. Il en profite pour investir et crée un établissement de location de voiture avec chauffeur. Un an plus tard, sa flotte comporte 6 voitures destinées au service de taxi de la ville.
Grâce à  cette aisance économique, Paul Castaibert se tourne vers ce qui lui procure le plus d´enthousiasme, l´aéronautique. Car vivant en France à  l´époque des premiers vols réalisé par Wilbur Whright à  Paris en 1907, il a la chance de visiter en 1908 l´école des frères Whright de Pau (proche de son village natal). Au moment où il décide d´émigrer en Argentine Louis Blériot vient de traverser le canal de la Manche.

L’avionneur Paul Castaibert :

Don Pablo Castaibert commence son activité dans son garage de Palermo au milieu de l´année 1910 avant de louer un petit hangar à  l´aérodrome de Villa Lugano le 17 octobre de la même année sous l´enseigne « Construction et Réparation d´Aéroplanes ». Pour son inauguration, Jorge Newbery le pionnier des pilotes argentin est venu à  bord de son Blériot XI. De fait, une grande amitié unira les deux hommes.
Paul Castaibert a appris à  voler sur ses propres avions et a obtenu le brevet international N°12 sur le modèle 912-3° (son troisième modèle construit en 1912). Pour promouvoir ses avions, Paul Castaibert réalise plusieurs dizaines de vols dans les différentes provinces argentines. Vers Mendoza, Salta, Catamarca. Il survole à  plusieurs reprise  la localité de Pellegrini alors “colonie” de français.
Il fût également habile dans le recours à  la publicité.
En avril 1912, Roland Garros est de visite en argentine pour représenter les plus fameux avions de l´époque, les Morane G et H. Paul Castaibert le rencontre et lui présente son modèle pour lequel il reçoit les éloges du célèbre pilote. Un mois après vole son modèle le plus aboutit jusqu´alors le 912-3°.

Paul Castaibert allie aussi son rôle de constructeur avec celui d´instructeur. Avec succès, beaucoup de pilotes seront formés dans son école et achèteront ses avions. En 1914 il forme comme pilote l´uruguayen Francisco Bonilla, duquel il apprend que l´aviation uruguayenne est démunie. Castaibert entreprend les démarches nécessaires pour vendre 5 unités en 1916 et commencer à  fournir l´école naissante de l´aviation militaire d´Uruguay. A la fin de l´année 1916, il ferme et vend ses installations en Argentine pour s´installer à  Montevideo début 1917. Nommé jefe de taller (chef d’atelier) de la Escuela Militar de Aviacion (EMA), il participe à  la formation de l’embryonnaire Force Aérienne Uruguayenne.  Le 10 août 1918, le lieutenant uruguayen, directeur de la EMA et grand ami de Castaibert, Juan Manuel Boiso Lanza, se tue durant un vol à  Pau aux commandes de l´un de ses avions. Paul Castaibert en est très affecté et renonce en novembre à  ses charges auprès de l´aviation uruguayenne. Il se dédiera jusqu´à  la fin de sa vie à  la vente d´automobile. Il décède à  Montevideo le 18 mai 1951.
Aero Club Argentino le nommera précurseur de l´aviation Argentine en août 1951. Sur la autopista (autoroute) qui passe par Villa Lugano, on peut apercevoir une reproduction métallique de l’un de ses avions. Seul vestige de la saga du pionnier de l’aviation Don Pablo Castaibert.

Les avions de Paul Castaibert :

Ne connaissant rien au pilotage, ni même comme passager, et sans aide extérieure, il décide d´apprendre à  piloter de manière empirique aux commandes des avions de sa propre fabrication.

Lire aussi  Recensement 2010 et population argentine

A bord du premier modèle (910-1°) il s´élance sans jamais pouvoir décoller et se résout à  reconstruire un nouveau modèle (911-2°) en récupérant quelques pièces du premier. Devant le scepticisme des autres pilotes il doit à  nouveau procéder aux essais de ce nouveau modèle. Peu à  peu ses essais de roulage au sol se transforme en petits bonds, en sauts de puce jusqu’à  finalement décoller (vers la fin de 1911). Le 10 février 1912, le bulletin de l´Aéro Club Argentin écrit une note décrivant l´un de ces vols : Après une course de 70 mètres son avion décolle, le vol dure 38 minutes et il atteint l´altitude maximum de 700 mètres. Il survole différentes localités aux alentours et revient en ligne droite à  une altitude de 300 mètres avant d´atterrir en exécutant un plané parfait. Pendant tout le temps du vol, l´avion s´est maintenu parfaitement.

En apprenant de la sorte à  voler et ainsi à  connaitre ses avions, il bénéficie des meilleures connaissances et construit un troisième modèle sur la base de ces expériences (912-3°). Ce modèle sera celui-ci de son succès et de sa réputation. Les modèles suivants (jusqu’au 915-7°) seront des évolutions en terme de motorisation et d´arrangement en fonction des acheteurs (monoplace, biplace, triplace).
les avions de Paul Castaibert

Les types d’avions Castaibert:

Quand il présente son premier avion en 1910 celui-ci ne porte pas de dénomination propre. Ainsi ses avions sont connus sous la forme « Castaibert » ou Castaibert I, Castaibert II, type III, type IV, etc…ce qui prête à  une certaine confusion. Cependant l´avionneur, à  partir de 1912, utilisera un système logique qu´il donnera aux différentes séries précédentes et à  venir.

par exemple: 912-3° pour troisième type du Castaibert construit en 1912.

  • 910-1° (Castaibert type I)
    Sans rien connaître des avions mais confiant en son grand sens pratique et d´observation, il construit le premier modèle, très simple, en observant la Demoiselle de Santos Dumont. Loin d´être une copie ce fût plutôt une source d´inspiration avec son système pendulaire.
    Moteur Anzani de 25 hp
  • 911-2° (Castaibert type II)
    Avant de se lancer dans sa construction, il prend le temps d´étudier techniquement les aéroplanes qui passent par l´aérodrome de Villa Lugano. Entre ceux-ci, les nombreux Blériot XI, le Deperdurssin piloté par André Prévost, le Hanriot de Henry Bernstein et quelques Morane. Il décide d´abandonner le système pendulaire pour celui de stabilité commandée. Il conserve le Moteur Anzani de 25 hp et une hélice bipale de 2,25 (imitation de la Chauvière).
  • 912-3° (Castaibert type III)
    Castaibert transforme ses acquis pour fabriquer ce modèle qui, avec son moteur Gnome Rhône Omega de 50hp présentera des compétences similaires à  ses concurrents européens. En plus de quelques améliorations techniques, il sera totalement entoilé pour aider au rendement du moteur. C´est avec cet avion que Paul Castaibert passera et obtiendra son brevet international de pilote N°12. En septembre de la même année pour l´inauguration de la Escuela de Aviación Militar (Ecole d´aviation militaire argentine), il présentera son avion au côté des 3 Blériot, du Farman, d´un Nieuport et d´un Antoinette.
    Avec celui-ci il battra le premier record argentin d´altitude, homologué à  1040 (30/06/12) puis 1500m (24/09/12).

Ce modèle devient le premier avion construit en série de la naissante industrie aéronautique argentine.

Se succèderont les modèles suivants:

  • 912-4° (Castaibert type IV), monoplan convertit en biplace au moteur Gnome de 80hp
  • 914-5° (Castaibert type V), monoplan de trois places, moteur Gnome Omega de 100hp; le premier modèle d’avion argentin à  traverser le Rio de la plata (1916)
  • 915-6° (Castaibert type VI), monoplan biplace avec moteur Gnome de 80hp (vitesse de croisière: 100km/h).
  • 915-7° (Castaibert type VII), la version amélioré du 914-5° en version biplace avec moteur Gnome Rhone de 100hp (vitesse de croisière: 140km/h).

Au total les avions Castaibert auront été construit au nombre de 21 unités. Le 912-3° et 4° s’étant vendu à  une dizaine d’exemplaires.

Détails et schéma du Castaibert 912-3°

Envergure : 9,75m
Longueur : 7m
Hauteur 2,35m
Superficie des ailes : 18,75m
Poids à  vide : 280kg
Moteur : Gnome Rhône Omega 50hp
Vitesse de croisière : 100km/h
Altitude max : 3500m
Autonomie : 3 heures

3 Commentaires

Cliquez ici pour nous écrire

  • A César ce qui est à César, un nom, je dirais une nationalité manque ici, et c’est un détail capital : nous avons un béarnais de plus et plus généralement un homme d’oc en plus qui joua un rôle décisif dans la construction de l’Argentine. Et un homme d’oc de plus dans l’histoire de l’aéronautique, mais cette coïncidence n’est pas un hasard.

  • L’association toulousaine ‘Mémoire d’Aéropostale’ a mis en place à Monrone une exposition permanente sur l’histoire de la ligne aérienne France-Argentine. Ses membres sont heureux de découvriir l’extraordinaire aventure de Paul Castaibert.