Le Lunfardo est un mode de vocabulaire utilisé dans le langage familier en Argentine, plus particulièrement sur les rives du Rio de la Plata entre Buenos Aires et Montevideo. On peut le traduire par argot ou langage familier en français.
Origine du Lunfardo
Le mot lui-même, “lunfardo” viendrait de “lombardo” (lombard) qui était synonyme de voleur. Cette expression n’est pas proprement une invention locale puisqu’elle remonte à l’Italie du moyen âge où ce qualificatif de “lombard” servait à désigner les financiers, banquiers et autres usuriers dont une grande majorité étaient issus de Lombardie. Par extension il désignait également les personnes de mauvaise vie.
Arrivé sur les rives du Rio de la Plata, le lunfardo incorpore un grand nombre d’influences et évolue tout au long du XIXè siècle et au début du XXè. Premièrement avec la poésie gaucho puis il s’enrichit avec l’arrivée d’immigrants venus de tous horizons: Italiens, Espagnols, Ottomans, juifs et arméniens…mais également de nombreux “américanismes” avec la migration de l’intérieur vers la ville et l’intégration de mots de vocabulaires guaranis, mapuche, quechua et aymara.
Ainsi les mots cancha (terrain souvent appliqué au foot), pilcha (accesoires gaucho), porro (pétard), minga (négation souvent accompagné d’un bras d’honneur), che (locution multi-usage souvent utilisé en début de phrase pour appeler l’attention)… procèdent de cette origine des populations natives.
Le lunfardo s’enrichit également beaucoup du langage des adolescents: bondi (bus), pibe (mec), mina (nana) qui sont d’usage quotidien.
Influences et usages du Lunfardo
Utilisé dans le langage parlé, il existe aussi dans l’écrit, la poésie gaucho, dans les chansons du tango d’où également son caractère marginal au début qui s’est largement diffusé lors de la naissance du tango-chanson.
Le lunfardo n’est pas en soit un vocabulaire qui sert à définir (puisque bien souvent il utilise un terme pour en désigner un autre) mais reflète plutôt une vision du monde depuis son quartier, son existence, son appartenance. Ancré à Buenos Aires, les hispanophones sont tour à tour surpris et amusés d’entendre ses expressions qui sonnent comme étrangère à leur oreille. Et pour cause. Ce langage du lunfardo relève à la fois du parlé:
- Criollo (créole): bagual (cheval sauvage), china (jeune fille, amante)
- du Cocoliche (mélange de l’espagnol et de l’italien): laburar (travailler), fiaca (flemme, envie de rien faire, vient de fiacca, faible en italien)
- de l’argot: rassemble tous les codes et mots d’une même corporation ou d’un groupe social.
- du Cockney (langage populaire de l’est londonien): problemas (littéralement “problème” mais dans ce cas l’épouse)
- et aussi du Caló (d’origine gitan en Espagne): chorro (voleur).
Et dans l’écriture (poésie, chansons), l’emploi du lunfardo véhicule une forme d’expression différente à la traditionnelle et donne une teinte véritable à l’expression du caractère rioplatense.
Il existe une Academia Porteña del Lunfardo fondée en 1962, et Luis Aposta (poète et essayiste) a définit mieux que quiconque cet emploi du lunfardo: El lunfardo “no es únicamente una cuestión de términos, sino también una cuestión de tono y de intencionalidad”; se trata de, “esencialmente, un conjunto de voces de muy diversos orígenes que se introducen en la conversación familiar de todas las clases sociales con fines expresivos, irónicos o humorísticos”.
Traduction: Le lunfardo n’est pas uniquement une question de termes mais aussi une question de ton et d’intention. Il s’agit essentiellement d’un ensemble de voix de différentes origines qui s’introduisent dans la conversation familière de toutes les classes sociales à des fins expressives, ironiques et humoristiques.
Voir aussi: Le Dictionnaire du Lunfardo
Tango-chanson: Garufa – Augustin Irusta – Tango 1927 – Musique: Juan Antonio Collazo – Paroles: Víctor Soliño / Roberto Fontaina
[youtube GTK6elcNQfo 530 350]Del barrio La Mondiola sos el más rana
y te llaman Garufa por lo bacán;
tenés más pretensiones que bataclana
que hubiera hecho suceso con un gotán.
Durante la semana, meta laburo,
y el sábado a la noche sos un doctor:
te encajás las polainas y el cuello duro
y te venís p’al centro de rompedor.Garufa,
¡pucha que sos divertido!
Garufa,
ya sos un caso perdido;
tu vieja
dice que sos un bandido
porque supo que te vieron
la otra noche
en el Parque Japonés.Caés a la milonga en cuanto empieza
y sos para las minas el vareador;
sos capaz de bailarte la Marsellesa,
la Marcha a Garibaldi y El Trovador.
Con un café con leche y una ensaimada
rematás esa noche de bacanal
y al volver a tu casa, de madrugada,
decís: “Yo soy un rana fenomenal”.
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