Histoire

Les îles Malouines: Las Malvinas ou The Falklands?

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L’archipel des îles Malouines (Malvinas en espagnol et Falkland en anglais) a depuis plus de 500 ans fait couler beaucoup d’encre sinon de sang. Territoire stratégique des mers australes, sa découverte remonte à  1502 avant de voir sa première colonie d’acadiens s’installer en 1763. Lors de son voyage autour du monde Bougainville reçoit l’ordre de la remettre aux espagnols quand les anglais comprennent son importance et l’occupent à  son insu. Il s’en suit un enchainement d’épisodes historiques qui opposeront jusqu’à  aujourd’hui deux nations sans pour autant que le litige qui les opposent soit résolus. Tout réside dans l’interprétation du droit international qui est différent selon que l’on se place d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique. D’où une certaine réticence de la part des anglais et l’obstination des argentins. Un record en la matière. Quoiqu’il en soit les îles Malouines, un caillou pour les français, mérite un développement, car si les anglais y attachent autant d’importance, cela signifie que Sa Majesté y trouve un intérêt particulier, Explications:

Les îles Falkland (Malvinas), territoire non autonome administré par le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, comprennent deux grandes îles, East Falkland et West Falkland, et quelque 200 petites îles, dont la superficie totale est d’environ 12 173 kilomètres carrés. Ce territoire est situé dans l´Atlantique Sud, à  environ 770 kilomètres au nord-est du cap Horn et 480 kilomètres à  l’est de la côte sud-américaine (NDLR: les côtes de la Patagonie Argentine). La Géorgie du Sud, située à  environ 1 300 kilomètres au sud-est de l’archipel des Falkland (Malvinas), et les îles Sandwich du Sud, à  quelque 750 kilomètres à  l’est-sud-est de la Géorgie du Sud, sont considérées comme un territoire distinct et administrées séparément depuis les îles Falkland (Malvinas), dont le Gouverneur remplit parallèlement les fonctions de commissaire des territoires de la Géorgie du Sud et des îles Sandwich du Sud.

Selon le dernier recensement (2006), le territoire comptait 2 478 habitants (non compris les résidents alors absents ni les civils travaillant avec le Ministère de la défense) contre 2391 en 2001, chiffre le plus élevé depuis 1931. La souveraineté sur les îles Falkland (Malvinas) fait l’objet d’un différend entre le Gouvernement d’Argentine et le Gouvernement du Royaume-Uni.

Histoire des îles Malouines (1494-1810):

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Il faut remonter préalablement au traité de Tordesillas de 1494 entre l’Espagne et le Portugal qui est une révision de la bulle papale Inter Caetera de Alexandre VI. Ce Traité répartissait les possessions des territoires et mers du Sud découvertes et à  découvrir entre l’Espagne et le Portugal. De fait, les îles Malouines rentraient dans les possessions de la couronne d’Espagne.

Découverte par les navigateurs qui exploraient cette région au XVIe siècle (Amerigo Vespucci, Magellan 1520, Camargo 1540, John Davis 1592, Richard Hawkins 1594, Sebald de Weert 1600); elle est désignée sous le nom de l’île Sanson. Sa découverte est attribuée Amerigo Vespucci qui en fait une description lors d’un de ces voyages en 1502. Les marins, phoquiers et baleiniers prirent l’habitude de relâcher sur les  côtes de l’île qui offraient des refuges naturels aux bateaux qui parcouraient les mers du Sud.

En 1763, Louis-Antoine de Bougainville obtient l’autorisation de fonder une colonie au nom du Roi Louis XV. Ses premiers colons, plusieurs familles (27 personnes au total) furent  des gens venant de St Malo. Curieuse destinée que ces premiers habitants puisqu’ils étaient originaires du “Canada”. Ces fameux acadiens qui après le Traité de Paris* durent quitter l’Acadie et s’installèrent temporairement à  St Malo. L’occasion de reformer une colonie ailleurs les convainc de repartir.

En deux voyages, Bougainville forme la colonie de Port Louis sur l‘île Soledad avec 150 personnes et commence à  prospérer. Entre-temps le Commodore John Byron arrivé par la côte Est prend possession des îles en janvier 1765 et fonde Egmont Harbour. Les espagnols voient d’un mauvais œil l’établissement de la colonie française et Bougainville reçoit l’ordre de démanteler sa colonie. Ce sera le début de son voyage autour du monde. Il revient dans l’île pour remettre à  la couronne espagnole en 1767 avec tout le protocole entendu.

S’en suit des escarmouches entre les anglais et les espagnols. En 1770, les espagnols débarquent en force à  Port Egmont et chassent les anglais, mais ceux-ci revendiquent toujours leurs droits sur l’île.

Histoire des îles Malouines (1811-1833):

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La colonie  fondée par les français tombe à  l’abandon et en 1810 le gouverneur de Montevideo décide de rapatrier les forces militaires de l’île pour faire face aux troubles existants sur le continent. Elle mit fin à  37 ans d’occupation espagnole.

Libéré de la tutelle de la couronne espagnole (elle même ayant perdu tout pouvoir suite à  l’invasion des armées de Napoléon), et la révolution du 25 mai 1810 qui marque le début de la séparation des colonies sud-américaines de la Metropoli, les  îles Malouines deviennent res nullius, libre de tout gouvernement. Elles ne sont alors fréquentées que par des navires de diverses nationalités pour mouiller, par les baleiniers et phoquiers qui exploitent leurs eaux.

En 1820, le gouvernement des Provincias Unidas (Provinces Unies, embryon de ce qui deviendra l’Argentine) réalise une démonstration de souveraineté avec la frégate Heroina commandé par le colonel Daniel Jewett (d’origine nord-américaine) qui prend officiellement possession des îles à  Puerto Soledad (ex-Port Louis). Il fait appliquer le uti possidetis qui fait valoir le droit latino-américain de recouvrer les anciennes possessions coloniales (non reconnu par les juristes européens et anglo-saxons).

En 1823, les Provincias Unidas renforcent leur souveraineté et nomme Pablo Areguati comme gouverneur des îles. Le gouverneur concède la concession d’exploitation de bétail et des pêches à  Jorge Pacheco.

En 1826, l’associé de Jorge Pacheco, Luis Vernet entreprend l’installation du premier établissement qui connait un  succès.

En 1829, le Gouverneur des Provincias Unidas Martin Rodriguez nomme Luis Vernet, “comandante poli­tico y militar en las Malvinas y las adyacencias al Cabo de Hornos en el mar  Atlántico”. Quelques semaines plus tard Luis Vernet arrive aux îles pour fonder une colonie. Il y fait un relevé topographique complet, étudie la faune et la flore et amène tout le bois nécessaire de l’île des États pour construire et aménager la colonie qui se base sur l’exploitation de la graisse de phoque. Il réussit à  convaincre nombre de colons à  venir s’y installer et auxquels il fournit tout ce qu’il est nécessaire pour se développer (maison, semences, bétail…). Ils réussissent à  produire 3000 cuirs par jour. La colonie connait un certain  succès confirmé par le capitaine Fitz Roy lors de son passage au cours de son expédition qui emmenait à  son bord Charles Darwin.

Malgré tout, la colonie reste victime des actes de pirateries de la part des anglais et des contrebandiers nord-américains. Alors que Luis Vernet se rend à  Buenos Aires pour faire valoir le droit sur 3 bateaux de pêche US qu’il avait capturé, un incident diplomatique éclate entre l’Argentine, les États-Unis et les anglais. Les États-Unis ne reconnaissent pas le droit de Luis Vernet et l’accuse d’actes de piraterie. Les anglais à  bord d’un navire nord-américain arborant pavillon français, le Lexington, en profitent pour débarquer sur l’île en 1831 à  Puerto Soledad, faire prisonnier et chasser ses habitants. Le commandant anglais Ducan déclare les îles res nullis avant de les quitter et de retourner à  Montevideo.

Le gouvernement de Buenos Aires nomme un nouveau gouverneur, le major Esteban Mestivier dans le but de fonder une colonie pénale. Accompagné de 25 soldats, il s’établit sur  l’île en novembre 1832. Il sera assassiné lors d’une mutinerie un mois plus tard et remplacé par le second dans le grade José Maria Pinedo. Ce retour de prise de possession est déclaré inepte par les Etats-Unis, les anglais en profitent une nouvelle fois pour proclamer leur souveraineté sur les îles du fait que les actes du gouvernement argentin n’aient pas été reconnus par la “communauté internationale”. En décembre 1832, ils reviennent s’établir à  Port Egmont pour restaurer la souveraineté de Sa Majesté et obligent le gouverneur en place, Pinedo, à  hisser le drapeau britannique. Finalement le 5 janvier 1833, Pinedo et les quelques habitants s’enfuient. José Maria Pinedo sera traduit en justice et condamné à  son retour à  Buenos Aires pour ne pas avoir opposé de résistances.

Lire aussi  Les Estancias Jésuites d'Argentine et de Cordoba

Histoire des îles Malouines (1833-1945):

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En 1833, les anglais prennent définitivement possession de l’archipel, réclamé incessamment depuis par l’Argentine qui y exerce son principe de souveraineté.

1833 est donc une date charnière dans l’histoire de la possession des îles. Il oppose le droit latino-américain au droit européen et anglo-saxon particulièrement. Les argentins réclament légalement leur droit à  la possession comme héritage colonial espagnol quand les anglais donnent le droit à  la possession à  partir du moment où les territoires sont occupés. Ils ne reconnaissent donc pas cet héritage colonial espagnol.

Les protestations et discussions diplomatiques à  propos de ce litige n’ont depuis jamais cessé. Elles ont connus des hauts et des bas pendant plus d’un siècle. En réalité l’Argentine n’était pas en mesure, n’y c’était dans son intérêt, de continuer à  soutenir cette confrontation. L’Argentine ne lui a accordé qu’une faible priorité dans le contexte de ses politiques extérieures car les relations politiques et économiques avec la Grande Bretagne lui étaient devenues essentielles. La Grande Bretagne était le premier investisseur et s’était rendue indispensable, voire incontournables à  son développement.

Histoire des îles Malouines (1945-1981):

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Après la seconde guerre mondiale, la Grande-Bretagne laisse croire qu’elle est mieux disposée à  négocier. La création de l’ONU par les pays vainqueurs réécrit le droit international. Le Chapitre XI article 73 intitulé “Déclaration relative aux territoires non-autonomes” auquel la délégation argentine formule des réserves. En 1946, elle en appelle au Conseil de Sécurité de l’ONU pour lui exprimer sa non-reconnaissance de la souveraineté britannique sur las islas Malvinas et dépendances (Falklands, Géorgie du Sud, iles Sandwich). Auquel les britanniques répondent bien sûr par son inverse.

Dans la période de décolonisation, l’Argentine revendique une nouvelle fois ses droits: En 1960 l’Assemblée générale des Nations Unies approuve la résolution 1514 (XV) intitulée  “Déclaration sur la concession d’indépendance des pays et peuples coloniaux”. Cette résolution aborde de la libre détermination (point 2),l’unité nationale et l’intégrité territoriale (point 6) et le respect de l’intégrité nationale (les points 4 et 7) .

C’est le début des relations multilatérales qui doivent étudier les revendications des parties qui se soldent par les protestations des uns ou des autres. C’est à  chaque fois l’impasse, l’indignation, les demandes ou justifications officielles interminables.

En septembre 1964, un petit malin, pilote civil de son état, Miguel Fitzgerald, atterrit avec un petit avion à  Port Stanley, il plante le drapeau argentin, il laisse un mot de protestation et décolle avant de pouvoir être pris par les autorités locales. Cela valut aux Nations Unies de recevoir une protestation en bonne est due forme de la part des britanniques toujours très pointilleux à  cet égard…

A partir 1965 et suite aux résolutions des Nations Unies, l’Argentine invite la Grande-Bretagne a entreprendre des négociations bilatérales. Cette période connait aussi des hauts (en 1968, un mémorandum d’accord est trouvé) et des bas (l’incident du Shackleton en 1976) .

L’Argentine cherche la reconnaissance de ses droits quand la Grande-Bretagne cherche à  arranger ses propres affaires quitte à  ne pas hésiter à  faire annuler les précédentes résolutions de l’ONU.

Histoire des îles Malouines (1982-2008):

guerre des malouinesLes Malouines font a nouveau parler d’elles en 1982. La dictature militaire de Galtieri emprunt à  beaucoup de difficultés internes cherche à  retrouver une popularité qu’elle a perdue en reprenant las islas Malvinas par la force militaire. Le 2 avril des commandos argentins réduisent les quelques Royal Marines présents à  Port Stanley qu’ils rebaptisent Puerto argentino. Ils font flotter pour la première fois depuis 1833 le drapeau national argentin. Pendant 74 jours les argentins vont expérimenter le fait d’affronter la troisième puissance militaire mondiale. Les anglais débarquent le 02 mai avec 4000 hommes. Les troupes argentines résistent vaillamment mais coupées de leur logistique et sous-équipée au regard des brits, ils ne peuvent résister bien longtemps à  l’armada des goddons, bien déterminée à  chasser ces intrépides argentins. Batailles navales, terrestres et aériennes s’enchainent; les pilotes de chasse argentins réalisent des prouesses tout en sachant qu’en décollant ils n’auraient pas l’autonomie suffisante pour revenir à  leur base située sur la côte à  Rio Gallegos ou Rio Grande. 635 argentins ont perdus la vie contre 233 anglais. L’Angleterre a déployé plus de forces qu’il n’en aurait fallut et même menacé de bombarder Buenos Aires en positionnant sur l’île de Ascension des bombardiers stratégiques Vulcan. A l’issu de la capitulation argentine on retrouve alors la situation de entre 1833 et 1966: aucune négociation possible. Margaret Thatcher alors premier ministre trouve sa popularité renforcé et les militaires rendent les armes pour laisser place à  la démocratie.

Histoire des îles Malouines (2009 – ?):

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“Pendant que le Royaume Uni cherche un traité de paix après avoir gagner la guerre, l’Argentine cherche a rouvrir la dispute après avoir perdu une bataille”, tel est le constat que l’on s’accorde à  dire sur les années qui ont suivi ce conflit encore vif dans les mémoires argentines. A tel point qu’un match de futbol en coupe du monde contre l’Angleterre en 86 représente une revanche dans l’esprit des argentins…la mano de Dios

Sur les cartes éditées en Argentine, les îles Malouines sont nommées ainsi: “Territoire argentin administré par la Grande-Bretagne”.

L’Argentine n’a jamais cessé de réclamer ses droits en appelant à  la justice internationale. Elle s’accroche désespérément à  la légitimité qu’elle possède sur l’occupation de ces îles. Quoiqu’il en soit le litige n’est pas réglé, comme il a été écrit c’est “une longue marche sur un chemin étroit et semé d’embûches”.
Il revient aujourd’hui sous une autre forme. Non content de ses possessions, la Grande-Bretagne cherche à  agrandir ses territoires de pêche dans la région.
En contrepartie une nouvelle  réclamation officielle du gouvernement argentin a été portée au Conseil de l’ONU en 2009.

Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l´application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, dit « Comité spécial des Vingt-Quatre », a adopté ce matin (18/06/2009) par consensus un projet de résolution* par lequel l’Assemblée générale prierait les Gouvernements de l´Argentine et du Royaume-Uni de consolider le processus de dialogue et de coopération en cours ou en reprenant leurs négociations afin de trouver, dans les meilleurs délais, une solution pacifique au conflit de souveraineté touchant la question des îles Falkland (Malvinas) conformément aux résolutions pertinentes de l´Assemblée générale.

Affaire à  suivre….

Carte satellite des Malouines:

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*Le Traité de Paris: signé en 1763, il met fin à  la guerre de Sept Ans entre la France, la Grande-Bretagne et l’Espagne. La Nouvelle-France est cédée à  la Grande-Bretagne en conservant ses droits de pêche à  Terre-Neuve et dans le golfe du Saint Laurent. Il lui revient Saint Pierre et Miquelon ainsi qu’elle retrouve les Antilles et son comptoir de Pondichéry. Elle perd toutefois son premier Empire colonial.

A consulter également: www.ilesmalouines.com

1 commentaire

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  • Un article complet et intéressant sur la question.
    Dommage que l’orthographe ruine cet effort.

    Cordialement,
    YC