Le récit de trois ans de captivité chez les indiens de Patagonie de 1856 à 1859
Idéaliste et à peine âgé de 24 ans en 1855, Auguste Guinnard quitte Paris et rêve de faire fortune en Patagonie. Depuis Buenos Aires il décide de descendre vers le Sud à travers la Pampa et dépasse Quequen, il rentre malgré lui en territoire indien de la tribu des Poyuches qui l’enlèvent et le réduisent à l’état d’esclavage (cautivo, captif). Battu, affamé, maltraité, ce huinca (chrétien en langue indienne) est vendu ou échangé comme une vulgaire marchandise aux Puelches puis aux Mamuelches plus par cupidité que pour sa réelle valeur. Du reste, il survit plus de trois longues années au cœur de territoires où aucun européen n’avait encore jamais mis les pieds (tierra adentro). Loin de s’appesantir sur sa situation peu amène il s’efforce de nous faire partager ses observations sur les différentes tribus qu’il aura l’occasion de croiser dans ses pérégrinations et vit selon leurs coutumes et apprend leurs langages. Il adopte les réflexes des indigènes pour pouvoir survivre dans ce milieu hostile. Après trois années de calvaire, il réussit à s’échapper de ses derniers propriétaires les indiens Salineros, rejoint la “frontiera”, continue sa fuite vers Mendoza où il se remettra lentement. Son rêve de fortune évanoui, il traverse à pied la Cordillère des Andes puis Valparaiso et regagne Paris après moultes péripéties… le récit poignant d’un être qui a souffert dans sa chair sa naïveté mais qui nous livre un témoignage remarquable sur les us et coutumes et le quotidien des indiens d’Argentine et du Chili à l’état brut pour certains et déjà corrompu par la “civilisation” pour d’autres…
Ses souffrances ne furent pas totalement vaines. Il fût en effet admis à la Société de Géographie après que la revue Le Tour du Monde ait publiée son récit en 1861 dont les lecteurs s’enthousiasme. Jules Verne s’inspire de son témoignage pour rédiger la première partie des Enfants du capitaine Grant. A. Guinnard dont la vie a été brisée par ces épreuves, nous livre un témoignage précieux de ce monde aujourd’hui disparu.
Réédité en 1864 par Brunet éditeur puis en 1879 puis par Aubier Montaigne en 1979, il reste un document rare et instructif sur ces tribus mal connues. Dans l’édition récente de Cosmopole, un cahier de photos et gravures ainsi que deux enquêtes sur la vie d’Auguste Guinnard et sur l’histoire des tribus patagones, viennent compléter et enrichir ce document exceptionnel.
Titre original: Trois d’esclavage chez les Patagons – récit de ma captivité
Trois ans chez les Patagons, récit de captivité d’Auguste Guinnard, introduction et dossier historique de Jean-Paul Duviols pour cette nouvelle édition (éditions Chandeigne – mai 2009)
Esclave chez les Patagons de Auguste Guinnard, Cosmopole Editions, 2001 (épuisé)
Une excursion au pays des Ranqueles de Lucio V. Mansilla, Edition Christian Bourgeois, 2008
Fous de Patagonie : Quatre découvreurs du bout du monde, 1856-1897 par Auguste Guinnard, Paul Hyades, Henry de La Vaulx, et Otto Nordenskjöld, Editions des Riaux 2006, collection Découvreurs & Voyageurs
Pampa de Pierre Kalfon, Edition du Seuil 2006 . Il est un roman inspiré de la vie de Auguste Guinnard. Très bien documenté et connaissant parfaitement son sujet, le roman de Pierre Kalfon est une source riche pour qui veut comprendre l’Argentine balbutiante de cette époque.
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