Dans les premières décennies du XIXe siècle, de nouvelles idées se sont imposées et l’architecture, l’urbanisme n’y a pas échappé. A l’image de l’engouement pour les peintres français à cette époque, l’architecture française à Buenos Aires représente clairement cette vision du monde à une époque charnière de l’histoire Argentine.
La volonté d’effacer l’héritage espagnole et de s’inspirer des idées post-révolutionnaires ont logiquement tourné les élites de la haute bourgeoisie portègne, ses dirigeants, vers l’Europe et la France (cf. Buenos Aires, genèse d’une ville américaine)
Dans les années 1820, à l’initiative de Bernardo Rivadavia, de nombreux ingénieurs et architectes français ont répondus à l’appel. Dans le langage de l’époque, l’ambition est de construire la “nouvelle Athènes“. Buenos Aires deviendra en un siècle le “petit Paris de l’Amérique du Sud“, dont on peut encore apercevoir les traces aujourd’hui.
Dans beaucoup de cas, les projets n’ont pas vu le jour mais ces pionniers ont façonné l’architecture de la jeune et encore instable république Argentine.
L’introduction du goût architectural français revient à Prospère Catelin (1764-1842). Il réalise notamment le cimetière de Recoleta (inspiré du Père Lachaise) et le portique de l’actuelle cathédrale (1822-1827). Carrier Belleuse y construira la nécropole dédiée au Général San Martin en 1880 et Dubordieu le tympan qui représente la scène de Joseph avec ses frères (symbolisant la rencontre et l’unification du peuple argentin après la bataille de Pavon de 1861, 1862 marquant officiellement la naissance de la république Argentine).
Charles-Henri Pellegrini (1800-1875) forme l’école polytechnique de Paris et entreprend la construction du nouveau théâtre Colon. Il intègre le collège des travaux public de Buenos Aires.
Pierre Benoit (1836-1897) trace les villes de la province et notamment de La Plata destinée à être la capitale de cette même province à l’initiative de Dado Rocha. S’inspirant de la cathédrale d’Amiens, il fait élever la cathédrale de la Plata (terminée en 2000). Il fait du néo-gothique, inspiré par Viollet-le-Duc le style principal des lieux publics et religieux d’Argentine. Pierre Benoit deviendra l’architecte avec le plus de projets construits dans le pays.
Dans la deuxième moitié du XIXe, l’architecture prend part au processus de la cosmopolite société argentine. En Argentine, depuis 1870 jusqu’au début du XXe, l’architecture est copié de l’enseignement de l’École des Beaux-Arts. L’école d’architecture est crée en 1901. L’enseignement qui y est dispensé et les méthodes relèvent de la grande sœur parisienne et où ont été formé ses premiers professeurs: Paul Hary (1875-1956), Eduardo Lanús (1875-1940) et Alejandro Christophersen(1866-1946), architecte du Palacio San Martín (1906).
En 1869, arrive en Argentine le belge Jules Dormal(1846-1924). Formé à l’École Polytechnique de París, Dormal est l’auteur de vaste projet et réalisation comme la résidence de Celedonio Pereda -actuelle Ambassade du Brésil– inspiré du Musée Jacquemart-André de Paris,
La casa de gobierno de La Plata, la résidence Peña – aujourd’hui de la Sociedad Rural Argentina-, l’édifice de Aguas Corrientes et l’intérieur du théâtre Colón (Colomb).
Entre les architectes formés à l’École de Paris, Gaston-Louis Mallet arrivé en Argentine en 1907 et l’auteur du projet du siège Centro Naval (le premier en ciment), Norbert Maillart (en Argentine de 1888 à 1908) -disciple de Julien Gaudet- est responsable des grands édifices publiques comme le Correo Central, le Colegio Nacional Buenos Aires et le Palacio de Tribunales.
Édouard Stanislas Louis Le Monnier (Paris 1873, Buenos Aires 1931) construit le Jockey Club de Rosario et la résidence de Adelia María Harilaos -aujourd’hui Nonciature Apostolique; et Paul Pater, auteur de la Résidence Ortiz Basualdo, aujourd’hui Ambassade de France (cf.photo)- et du Tigre Club.
Non moins importantes sont les contributions des architectes suivants, entre autres:
- Louis Sortais: le Palacio Paz actuel Círculo Militar construit en 1912.
- René Sergent: la résidence Ernesto Bosch, le Palacio Errazuriz, actuelles Ambassade des États-Unis et Musée de Arte Decorativo et du Palacio Atucha.
- Louis Faure Dujarric, l’hippodrome de Buenos Aires
- Louis Dubois, hotel Chile, avenida de Mayo, 1295.
- Jacques Dunant: projet initial de la cathédrale de Mercedes.
L’influence française s’étend également à l’urbanisme (l’avenida de mayo est du plus pur style Haussmanien), la décoration intérieure et au paysagisme avec le fameux Charles Thays (1849-1934).
L’expansion économique prodigieuse des 20 premières années du XXe siècle ont vu l’essor de l’architecture “chic” avec l’essor de palais dans le style beaux-arts, néo-baroque et néoclassiques français, en plus des de nombreux hôtels, cinémas, théâtres, maisons de rente, chalets, résidences et petits hôtels.
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